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Gasparo Luigi Pacifico Spontini
(créé comte de sainte Andrea par le pape), l’un des compositeurs les plus distingués de l’Opéra d’Italie, né le 14 novembre 1774, Majolati (Ancône), décédé là le 24 janvier 1851, était le fils de paysans simples, et peu de faveur a été montrée à ses inclinations musicales. Il s’est enfui d’un oncle, prêtre de Jesi, qui le préparait au sacerdoce, et est allé à une autre relation à San Vito, qui lui a procuré sa première instruction régulière en musique. Une réconciliation ayant été effectuée, il est retourné à Jesi, et a maintenant reçu la permission de se consacrer entièrement à la musique. Il obtient d’abord l’instruction des meilleurs musiciens de la ville et, en 1791, il est admis au Conservatorio della Pieta de Naples, où il bénéficie des leçons de Sala et Tritto. Il quitte le Conservatoire secrètement en 1796, afin, sur proposition du directeur (Sigismondi) du Teatro Argentina de Rome, d’écrire un Opéra; et le bon succès de I puntigli delle donne incita Piccinni, au retour de Spontini, à le prendre comme élève, et sous sa direction plusieurs Opéras furent écrites pour Rome, Florence et Naples. En 1800, Spontini accepta un appel à Palerme à la cour napolitaine, qui s’y était réfugiée de l’armée française, et, après un court séjour à Rome, Venise, Palerme et Marseille, il se rendit à Paris en 1803. Ici d’abord il donna des cours de musique et produisit déjà en 1804 au Théâtre italien Finta filosofu, qui avait été initialement produit à Naples. Il n’a rencontré qu’un succès modéré; une seconde, Julie (partition gravée), fut accueillie froidement, tandis qu’une troisième, un Opéra grossier, La petite rnaison, siffla hors de la scène (1804). La même année, cependant, sa fortune change, car il fait la connaissance du poète Jouy, qui lui remet le livret de La Vestale, rejeté par Cherubini. Mais avant de le mettre en musique, il avait ouvert la voie à une œuvre plus petite écrite par le même poète; ce fut Milton, qui fut bien reçu au Théâtre Feydeau. Pendant ce temps, il avait profité des critiques de ses adversaires et avait approfondi son style, qui, à l’origine, se penchait vers celui de Guglielmi et Cimarosa. Le patronage de l’impératrice Joséphine, dont le directeur musical Spontini était devenu, lui procura une puissante protection contre les intrigues qui lui barrèrent la route. Sa cantate Eccelsa gara, écrite pour les festivités liées à la victoire de Napoléon à Austerlitz, lui a valu une plus grande faveur à la cour. Mais la composition de La Vestale a duré plus longtemps que prévu. le style totalement différent dans lequel il travaillait, un plus expressif, plus véridique, plus sérieux, plus noble, lui causa des ennuis considérables et ce n’est que le 15 décembre 1807 que la première représentation put avoir lieu; cela a cependant entraîné un brillant triomphe pour Spontini. Malgré toutes les remarques désobligeantes faites par des musiciens professionnels avant la sortie de l’œuvre, l’enthousiasme du public a augmenté jusqu’au dernier moment, et d’un coup Spontini est devenu célèbre. Par le jugement unanime de Méhul, Gossec et Grétry, l’œuvre a reçu le prix établi par Napoléon et offert tous les dix ans; il remporte en effet la victoire sur Les Bardes du Sueur. Son prochain grand Opéra, Ferdinand Cortez, rencontre un succès égal (28 novembre 1809). En matière d’Opéra Spontini était désormais devenue une autorité. Peu de temps après, il épouse une nièce de Sébastien Erard, fille de Jean Baptiste Erard, avec qui il vit heureux. En 1810, il devient directeur de l’Opéra italien et produit, entre autres Opéras, le Don Giovanni de Mozart dans sa forme originale, pour la première fois à Paris. Des irrégularités en matière monétaire, qui lui ont été imputées, ont entraîné sa révocation de ses fonctions en 1812. Il est vrai qu’en 1814 (après la restauration de Louis XVIII), il devait être réintégré, mais il s’est retiré en faveur de Catalani, qui avait postulé et qui lui avait versé une somme d’argent à titre de compensation. Louis XVIII. le nomma compositeur de cour, avec une pension de 2 000 francs. Spontini a écrit plusieurs Opéras d’occasion pour des festivités liées à la restauration (Pélage, sur le roi et la paix, 1814; Les dieux rivaux, conjointement avec Persuis, Berton et Kreutzer, 1816), a ajouté quelques chiffres aux Dana de Salieri. ides, qui a aidé ce travail à un nouveau succès en 1817, et en 1819 a produit Olympie (décembre 1819, Paris; édition révisée 1821, Berlin), le troisième de ses célèbres Opéras. L’œuvre n’a rencontré qu’un succès d’estime. Peu de temps auparavant, Spontini avait accepté l’offre du roi, Frédéric-Guillaume III, de prendre la direction des affaires musicales à Bedin, et au printemps 1820, il entra dans ses fonctions de compositeur de cour et directeur musical général.
Spontini était déjà connu à Berlin en tant que compositeur:
ses Julie, Milton, La Vestale et Ferdinand Cortez y avaient déjà été produits. De ses qualités de chef d’orchestre, il en a fait la preuve lors des répétitions de Cortez, œuvre avec laquelle il a fait ses débuts. Il s’en est suivi une pièce du festival, Lalla Rookh (1821), peu après transformée en l’Opéra Nurmahal, oder das Rosenfest von Kaschmir (dans laquelle se trouvait une Bacchanale composée pour Les Danaïdes de Salieri), et plus loin, après un long voyage en Italie, Alcindor (1823) et Agnes von Hohenstaufen (1829). Pendant ce temps, les côtés désagréables de son personnage étaient apparus. Une ambition sans mesure et une grande estime de soi le conduisirent souvent à abuser du pouvoir qu’il possédait en vertu de sa fonction, augmentant ainsi le nombre de ses ennemis; aussi avec l’intendant général, à qui, selon son contrat, Spontini n’était pas subordonné, de violents conflits ont éclaté, et l’impétuosité et l’indiscrétion ont presque conduit à une détention prolongée dans une forteresse. Sa carrière s’est terminée à Berlin de la manière la plus douloureuse, car le public excité et hostile l’a forcé par une clameur continue à se retirer du bureau du chef d’orchestre lors d’une représentation de Don Juan. Il obtint un congé pour prendre sa retraite en 184 1, tout en conservant son titre et son salaire. Spontini quitta Berlin en 1842 et vécut ensuite, pour la plupart, à Paris; mais il n’a plus écrit, et il n’a jamais pu secouer le sentiment causé par l’humiliation qu’il avait reçue. Au cours des dernières années de sa vie, Spontini était sourd et souffrait d’une faiblesse de la mémoire. Dans l’espoir de retrouver la santé, il s’est rendu en Italie et, enfin, dans sa ville natale, Majolati, où il a expiré dans les bras de sa femme. Le diplôme de docteur a été conféré à Spontini par l’Université de Halle. Il est élu membre de l’Académie de Berlin en 1833, de l’Académie française en 1839; il était chevalier de l’ordre prussien pour le mérite et de bien d’autres ordres élevés. Lomenie (sous le titre “Un homme de rien”, 1841), Oettinger (1843), Montanari (1851), Raoul-Rochette (1852), ont écrit des notices biographiques de Spontini.