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Jean Philippe Rameau
le fondateur de la véritable science de l’harmonie, c’est-à-dire une science de la relation des sons et de leur lien naturel; également organiste distingué et compositeur musical, né le 25 septembre 1683 à Dijon, décédé le 12 septembre 1764 à Paris. Il a fréquenté le Collège des Jésuites à Dijon, mais a quitté après quatre ans, et se consacre exclusivement à la musique, pour laquelle il a montré son talent à un âge précoce. En 1701, à cause d’une affaire de cœur, son père le renvoya en Italie; mais la musique italienne n’était nullement à son goût, et il revint comme violoniste dans une compagnie de théâtre qui faisait une tournée dans le sud de la France; et à l’expiration de deux ans, est rentré chez lui. Déjà à cette époque, Jean Philippe Rameau était un interprète distingué à l’orgue et, en 1717, refusa le poste d’organiste à la Sainte Chapelle, Dijon, afin de tenter sa chance à Paris. Il y trouva bientôt en Louis Marchand – qui, au début, le prit pour un élève et le condescendit – un rival; car Marchand était trop occupé par sa propre réputation et ne laisserait personne avancer avec lui sur la route de la gloire. Jean Philippe Rameau, pour le meilleur ou pour le pire, est obligé de retourner à la vie provinciale et devient d’abord organiste à Lille, mais peu de temps après à Clermont où il trouve le loisir d’esquisser son système théorique. En 1721, il réapparut à Paris et publia son «Traite de l’harmonie», qui attira bientôt l’attention du public; il publie également quelques sonates et cantates pour clavier et devient organiste de Sainte Croix de la Bretonnerie. L’Academic a examiné et approuvé ses premiers travaux théoriques (1737); tandis que dans le fermier-général La Popelinière, à la femme de qui il donne des cours, il trouve un Mæcenas, qui lui ouvre les portes du Grand Opéra, auquel l’accès est si difficile. Son premier Opéra, Samson (livret de Voltaire), fut en effet refusé par le réalisateur Thuret, qui ne souhaitait pas avoir de sujet biblique (Jean Philippe Rameau le réarrangea plus tard sous le titre Zoroastre); mais, en 1733, son Hippolyte et Aricie fut produit avec le plus grand succès; il, cependant, n’a pas rencontré la reconnaissance générale, mais a attisé les conflits du parti. (Cf. la liste des pamphlets du Dictionnaire de Fétis.) Enfin, cependant, Jean Philippe Rameau, avec son véritable style français, a fait sa marque. Louis XV. lui crée le poste de compositeur de cabinet. Jean Philippe Rameau compose pour la scène, en plus de musiques diverses de toutes sortes, les Opéras:
Samson (voir ci-dessus);
Hippolyte et Aricie (1733);
Les Indes galantes (1735);
Castor et Pollux (1737)
Les talents lyriqnes (= Les fêtes d’Hébé, 1739)
Dardanus (1739);
Les fêtes de Polymnie (1745);
La princesse de Navarre,
Le temple de la gloire,
Les fêtes de l’Hymen et de l’Amour (- Les dieux d’Égypte, 1747);
Zaïs (1748);
Pygmalion,
Naïs,
Platée (= Junon jalouse, 1749);
Zoroastre (voir ci-dessus);
Acanthe et Céphise (1751);
La guirlande,
Daphné et Églé (1753);
Lysis et Délia,
La naissance d’Osiris (= La fête de la famille, 1754);
Anacréon,
Zéphire,
Nélée et Mirthis,
Jo,
Le retour d’Astrée (1757);
Les surprises de l’amour (1759);
Les Sybarites,
Les Paladins (1760);
Abaris, ou les Boréades,
Linus,
Le procureur dupé (les trois derniers non produits);
également
Roland (livret de Quinault), qui est resté inédit.
La plupart des Opéras de Jean Philippe Rameau sont apparus sous forme imprimée en partition courte (parties vocales, basse et violon; les ritornelli en entier). De nouvelles éditions sont apparues (Breitkopf und Härtel; Cf. Cambert) de Castor et Pollux,
Dardanus,
Les talents lyriqnes et
Les Indes galantes.
En plus de cela, il y avait une série de cantates et quelques motets, dont aucun ne semble cependant avoir été imprimé. R. a écrit pour clavier:
“Premier livre de pièces de clavecin” (1706; Jean Philippe Rameau était probablement à cette époque à Paris);
“Pièces de clavecin avec une méthode p: ur la mécanique des doigts” (sans date; contenant de précieuses remarques pédagogiques);
“Pièces de clavecin avec une table pour les agrements” (1731); “Nouvelles suites de pièces de clavecin avec des remarques sur les différents genres de musique” (sans date);
“Pieces de clavecin en concerts” (1741 (1752), avec accompagnement de violon (flûte) et d’alto (2e violon)).
Farrenc fait ressortir l’ensemble complet des “Pièces” de 1731 et des “Nouvelles suites” du “Trésor des pianistes” (1861). De nombreux fragments des Opéras ont été réimprimés par Delsarte dans les Archives du chant. Pour les morceaux de clavier détachés, voir Pauer “Old French Composers” “Popular Pieces by Rameau”, etc., publié par Augener & Co., Londres. Une édition complète des œuvres pour clavier a été publiée par le compilateur de ce dictionnaire (Steingraber). L’idée fondamentale astucieuse du système théorique de Jean Philippe Rameau était la réduction du grand nombre d’accords possibles à un nombre limité d’accords fondamentaux; aussi son inversion des accords; Jean Philippe Rameau a été le premier à déclarer que e g c était la même harmoniquement que c e g. Sa basse fondamentale est quelque chose de tout à fait différent de la basse générale; c’est une partie imaginaire (et non sonore) qui donne la série des tons fondamentaux des accords fondamentaux dont le compositeur introduit à loisir les inversions; son but était de rendre les relations harmoniques des accords se succédant facilement intelligibles. Les successeurs de Jean Philippe Rameau ont été assez partiaux pour considérer la formation d’accords par tiers comme l’idée centrale du système de Jean Philippe Rameau, et ont ignoré sa tendance marquée à dériver des accords dissonants à partir des accords consonantiques (f a c d = fa majeur accord avec le sixième d; b d f lié à g b d f, etc.). Le compilateur de ce dictionnaire s’est emparé de cette pensée fondamentale de Jean Philippe Rameau et a développé à partir de là un nouveau système de figuration et une nouvelle terminologie (Cf. KLANGSCHLÜSSEL). Les écrits théoriques de Jean Philippe Rameau sont:
“Traité d’harmonie reduite à ses principes naturels” (1722; anglais, par Jones, sans date, et en français sans date (1737, 1752));
“Nouveau système de musique théorique” (1726);
«Plan abrégé d’une méthode nouvelle d’accompagnement» (1730);
“Mémoire sur les différentes méthodes d’accompagnement” (1732);
“Génération harmonique” (1737);
“Démonstration du principe de l’harmonie” (1750);
«Nouvelles réflexions sur la manifestation», etc. (1752);
“Observations sur notre instinct pour la musique” (1754);
“Code de musique pratique” (1760).
Trois autres œuvres sont restées manuscrites; à ceux cités ci-dessus, il faut cependant ajouter quelques articles de journaux (“Mémoires de Trévoux”, 1736 et 1762; “Mercure de France”, 1752), plusieurs pamphlets polémiques contre les Encyclopédistes avec lesquels il s’était brouillé (Cf. Alembert ); et une brochure contre Euler sur l’identité des tons d’octave (1753). Pour plus de détails concernant Jean Philippe Rameau, voir “Reflexions sur divers ouvrages de M. R-” de Du Charger (1761), “Monographie de Jean Philippe Rameau” de Nisard. (1867), et “Rameau, sa vie et ses oeuvres” d’A. Pougin (1876). En 1880, une statue commémorative de Jean Philippe Rameau est dévoilée à Dijon.